Non, on ne tue pas les femmes voilées
Ce titre, faussement évocateur, n’est pas un engagement pour la Cause des femmes voilées à défendre, ni un pamphlet ou une diatribe contre la violence des jihadistes ou de quelconques extrémistes religieux.
Il s’agit plutôt d'un roman policier, très bien écrit à l’instar de célèbres polars, qui possède une dimension psycho-sociale. L’autrice arrive à polariser notre attention, malgré ( ou grâce à) une profusion de personnages bien campés, et des digressions incessantes, aidé par une intrigue et une narration bien ficelées et bien menées. Parmi ces fameux personnages, il faut noter Abou Yahia qui planifie de tuer Fouad Semi et Bakhta Bouguerra, pour des raisons qui nous échappent, et qui réussit dans son projet dévastateur.
Dans ce récit, le voile islamique intégral avec le niqab n’est qu’un alibi, presqu’un objet de décor macabre. Un copieur va venir perturber et compliquer l’enquête du brillant et teigneux inspecteur Ben Abdallah, entouré de sa dynamique équipe. Pourquoi en vouloir à la malheureuse Bakhta, une pauvre quinquagénaire névrosée, qui vient de perdre sa mère ? Quelle est la relation avec Fouad Selmi, première victime d’Abou Yahia ?
Qui est Lamjed Dhouib : quel est son rôle dans la résolution de cette nébuleuse enquête , et quelle est sa relation avec les jihadistes , et le meurtrier ? Autant de mystères et de questions que l’autrice décortique pas à pas , pour nous aider à résoudre cette énigme, par une écriture claire et limpide, vivante, simple et sobre, mais puissante d’humour et d’ironie .
Un Regard affûté sur une société tunisienne malade, en quête d’avenir, entre tradition et modernité.
Dr Ndongo MBAYE
Mouhiba Chaker est une conseillère d'orientation scolaire et universitaire, née à Sfax, la capitale du sud de la Tunisie, elle vit aujourd'hui à Sidi Bouzid, le cœur palpitant du pays. Son premier roman "Entre deux cimetières" a été publié chez les Éditions Arabesques en 2021. Mouhiba a participé à l'écriture d’un ouvrage collectif en arabe avec huit autres écrivaines en 2022. Elle est lauréate du Prix Spécial de la Résidence Lakalita à Ouagadougou au Burkina Faso en 2024.